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COP29 : « L’enjeu environnemental et celui des droits humains seront inextricablement liés »

On a d’abord cru à une mauvaise blague : comment la COP29 pourrait-elle avoir lieu dans l’une des dictatures les plus sanguinaires de la planète ? C’est pourtant bien en Azerbaïdjan que l’événement doit se dérouler du 11 au 22 novembre.
Après dix mois de blocus total empêchant l’entrée de nourriture et de médicaments, l’Azerbaïdjan a procédé, en septembre 2023, au nettoyage ethnique des Arméniens du Haut-Karabakh. Quelque 120 000 d’entre eux ont alors fui en direction de la République d’Arménie, dans des conditions de dénuement extrêmes. L’offensive militaire de l’Azerbaïdjan, soutenue par la Turquie, son alliée de toujours, ne s’est pas arrêtée pour autant : son armée occupe à l’heure actuelle plusieurs kilomètres de terres à l’intérieur même des frontières sud de l’Arménie.
A l’occasion de ce nettoyage ethnique, des prisonniers politiques ont été pris en otage, pour certains anciens dirigeants – dont trois présidents – de la République du Haut-Karabakh. Il n’est pas inutile de rappeler que celle-ci était une démocratie, l’une des rares de la région. Ces dirigeants croupissent depuis lors dans les prisons azerbaïdjanaises, qui comptent parmi les plus inhumaines au monde. En juillet, le Conseil de l’Europe a accusé l’Azerbaïdjan de « tortures et mauvais traitements » à leur égard. Il a également dénoncé le refus répété des autorités de coopérer avec les instances internationales dans la gestion de ce dossier.
Le nettoyage ethnique concerne la population, mais également la culture. L’Azerbaïdjan a entrepris d’effacer méthodiquement toute trace de la présence arménienne dans la région : le patrimoine religieux est détruit et les noms de rues sont changés, dans ce qui constituait l’un des berceaux de cette culture.
Mais l’Azerbaïdjan ne se contente pas de persécuter les Arméniens. Le dictateur Ilham Aliev martyrise sa propre société civile. Au cours des derniers mois, de nombreux activistes, journalistes et chercheurs ont été emprisonnés sous les motifs les plus fallacieux, dont celui de « trahison de l’Etat ». En plus de combattre cette dictature, certains avaient eu le courage d’affirmer qu’Arméniens et Azerbaïdjanais pourraient un jour coexister pacifiquement. A l’approche de la COP29, alors que le monde entier aura les yeux rivés sur le pays, aucune voix dissidente ne doit se faire entendre. Le régime azerbaïdjanais pourchasse les dissidents jusque sur le territoire français, comme l’a illustré l’assassinat de Vidadi Isgandarli en Alsace début octobre, sans que la classe politique de notre pays semble s’en émouvoir.
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